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Pourquoi Trump veut obliger Riyad de financer la « reconstruction » de la Syrie ? (Atwan)

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La reconstruction de la Grande Mosquée d'Alep: soigneusement numérotés, ces débris proviennent du minaret, haut de 45 mètres. Cet élément de la mosquée s'est effondré au printemps 2013, lors des violents combats qui secouaient alors l'ancienne ville. ©Sputnik

Pour le moment, les autorités saoudiennes n’ont pas réagi aux propos du président des États-Unis Donald Trump qui a déclaré lundi, dans un tweet que l’Arabie saoudite assumerait le rôle de Washington dans le financement de la « reconstruction » de la Syrie.

L’éditorialiste de Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, estime que cette annonce faite par Donald Trump et surtout le manque de réaction, quelle qu’elle soit, du côté des Saoudiens constituent une insulte au peuple saoudien. « Un pays très riche comme l’Arabie saoudite n’a-t-il pas intérêt à dépenser son argent pour le bien-être de son peuple et à créer un mécanisme à l’aide de ses voisins pour financer la construction de la Syrie, au lieu qu’il attende que les États-Unis décident pour lui et de comment il devra dépenser ses sous? », écrit-il.

Abdel Bari Atwan, éditorialiste de Rai al-Youm. (Archives)

Trois jours plus tôt, lors d’une conversation téléphonique entre les présidents américain et turc au cours de laquelle Recep Tayyip Erdogan affirmait qu’il n’y voyait aucune raison pour que les États-Unis restent en Syrie, vu l’état dans lequel se trouvait l’organisation terroriste Daech, le très imprévisible président des États-Unis, Donald Trump, aurait répondu : « Vous savez quoi ? La Syrie est à vous. Je pars. »

D’après Atwan, « Trump a trahi ainsi ses alliés kurdes pour conclure avec son autre allié turc, Recep Tayyip Erdogan, un accord dont nous ignorons pour l’instant les détails ». L’auteur ajoute que selon lui, si Donald Trump a annoncé que Riyad pourrait financer l’essentiel de la reconstruction de la Syrie, c’est sans le coordonner avec la partie saoudienne, sans même se donner la peine de mettre au courant le royaume. « Le silence de l’Arabie saoudite le révèle très clairement », a-t-il conclu.

Abdel Bari Atwan souligne ensuite que Donald Trump n’a pas cité, dans son tweet, le nom d’autres pétromonarchies du sud du golfe Persique, comme les Émirats arabes unis ou le Qatar, pour partager les frais de la « reconstruction » de la Syrie. Sans fixer un chiffre précis pour payer l’addition qu’il met sur la table pour les Saoudiens, Trump laisse seulement sous-entendre que l’Arabie saoudite est un pays très très riche. Cependant, il faut les premières estimations, on évalue les frais de la « reconstruction » de la Syrie entre 300 et 400 milliards de dollars.

Atwan rappelle que c’étaient les États-Unis qui avaient élaboré le plan d’intervention militaire en Syrie pour renverser le gouvernement légal de Damas. Dans le cadre de ce plan, Washington avait également distribué les rôles parmi ses alliés arabes et européens qui devaient soutenir, armer et financer les groupes terroristes en Syrie et faciliter l’entrée des terroristes étrangers dans ce pays.

Abdel Bari Atwan écrit :

« L’ancien Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani a révélé, dans plusieurs interviews, que son pays n’avait pas dépensé un dollar pour soutenir les groupes armés en Syrie, sans coordination préalable avec l’administration américaine et la CIA. Reste à savoir pourquoi le président américain veut dérober à la responsabilité de son pays dans la reconstruction de la Syrie et pourquoi l’Arabie saoudite accepte que Trump lui dicte ce qu’elle doit faire de son argent. »

Atwan estime que la responsabilité des États-Unis est d’autant plus grande que ce pays a joué un rôle central dans le massacre des centaines de milliers de civils innocents syriens et la destruction des infrastructures de la Syrie.   

L’éditorialiste de Rai al-Youm ajoute :

« Nous ne nous opposons pas à ce que l’Arabie saoudite débloque une grande somme d’argent pour la reconstruction de la Syrie, car ce pays était l’appui principal des groupes terroristes en Syrie et qu’il a injecté des dizaines milliards de dollars pour les armer et financer. Les Saoudiens sont allés jusqu’à créer une haute délégation à Riyad qui regroupait tous les groupes armés à l’exception de Daech. »

Atwan croit que l’annonce du retrait de troupes américaines de Syrie est avant tout un constat d’échec pour les États-Unis et que la Turquie et l’Arabie saoudite pourraient être piégées à leur tour par Washington qui est en train de leur imposer la responsabilité de son échec.

« Il faut admettre que la Syrie est sortie victorieuse de cette affaire mais qu’elle doit rester vigilante car les États-Unis essaieront sans doute d’instrumentaliser la question de sa reconstruction pour mettre des bâtons dans les roues de la Résistance », estime Abdel Bari Atwan.

 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV